Retour aux textes | images de la série | Home

« Toute photo n'est rien de plus que la représentation d'un jour
unique qui contient à la fois le passé et la projection d'un avenir »
Nobuyoshi Araki

Empreintes Nomades (intervalles d'un exil involontaire)

14 janvier 2010 > GOA – COLOMBO – HIKKADUWA – COLOMBO – PARIS – BRUXELLES
– PARIS – NANTES - PARIS – SÈTE – PARIS – GOA – LE CAIRE > 17 mai 2010


Une loi indienne sur le renouvellement des visas vient tout juste d'être promulguée.

Des bruits courent sur son application, rien n'est clair, déjà certains se sont vus refuser leur sésame. Quant au mien, il arrive à terme le 15.
J'ai mon billet Goa-Colombo pour le 14, avec un retour pour le 24.
Tout va bien.

Arrivé a Colombo je dépose ma demande de passeport (formalité qui demande une semaine), et je file dans le sud à Hikkaduwa. Le 22, de retour à Colombo, j’apprends que ma demande ainsi que 16 autres a été rejetée. je m'envole pour Paris le 26 (perdant au passage mon retour pour Goa). J'arrive à Roissy en tongs et tenue légère, entouré de la couverture de Sri Lanka air lines. R vient m’accueillir avec la tenue complète d'hiver.

De Paris je fais une volte à Bruxelles pour le vernissage d'une amie. Retourné le 29 sur Paris je fais une nouvelle volte en Vendée pour voir mon père. M arrive le 2 février pour 2 jours géniaux et repars en Inde. Je refais une demande de visa accélérée qui m'est accordée. Un tampon sur la page du visa m'interdit de rejoindre l'Inde avant deux mois (ceci à compter de ma sortie d'Inde).
Je me sens une nouvelle fois « puni » et pars à Sète. Là un mois et demi d'un hiver lourd et ennuyeux m'attend. Le 17 mars je laisse Paris à sa brume et le 18 je retrouve enfin M et ma vie goanaise. 2 mois après, pour d'autres circonstances, je pars pour le Maroc via le Caire ou j'échoue brièvement.

Ces moments d'exil ont été vécus comme dans un rêve. Comme si je n'étais pas là, ces endroits traversés n'auraient pas dû me voir, mes pieds n'auraient pas dû marcher sur ces routes, dans ces aérogares … J'aurais dû être, chez moi à Mandrem dans mon quotidien et non pas à l'arrivée de l'aéroport de Roissy dans le froid de janvier sans aucun vêtement chaud. … Cet exil, m'a fait expérimenter ce que des étrangers peuvent ressentir quand ils sont rejetés hors de nos frontières et retournent « chez eux » pour trouver un nouveau lieu d'exil.

Période charnière, amorce d'un passage d'une vie à une autre, accident temporel, échouage temporel, ici et là, mon regard s'est posé sur des mondes et des vies que je ne faisais que traverser. Mon appareil photo a gardé ces mémoires. Je savais alors que plus tard je visiterai cette mémoire et que ce qui apparaîtrait serait l'empreinte de ces instants. Alors à dessein, je photographiais le présent.

Entre-temps j'ai perdu mon passeport !

... cette histoire, je ne l'ai plus « en passeport »... reste ces images … et fin de l'errance …

- Octobre 2012, un coup de fil d'un restaurant libanais de Cassis m'annonce qu'en faisant des travaux, ils ont retrouvé mon passeport qui se cachait derrière une banquette...

Guillaume Chaplot

  haut