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Guillaume,

Je ne cesse depuis quelques jours de regarder tes photos, quelquefois attentivement – je me pose et regarde – et quelquefois non – elles défilent tandis que j‘ai une autre occupation – alors suivant ce que je fais mon regard s’arrête sur certaines ou sur d’autres.
D’autres fois, je lance un visu et écoute la musique en boucle. Je laisse faire le temps et le hasard aussi.

Je ne les ai pas toutes vues, mais je pense au final en avoir déjà vues beaucoup, je n’ai pas encore regarder les films.

Des mots me viennent, mémoire et corps et puis trace aussi. C’est drôle car ce sont les mots sur lesquels je travaille pour mon projet de film sur le cargo. J’y vois quelque chose comme cela. Et puis aussi quelque chose touchant à la sensation, aux sens, au regard, le fait de voir, la trace d’un visible réel ou inventé d’ailleurs, au toucher, par les corps et par les matières qui elles aussi se dématérialisent quelquefois.

La sensation semble plus forte que la narration. Elle la bouleverse, la dévie, la trouble. Et ainsi, ces regards que tu as posés et ces photos que tu as prises signifient pour moi la conscience de la vie quelle que soit l’histoire justement. Toujours et avant tout être dans la vie, être là où notre corps est. Être. Recevoir. Est-ce que être c’est recevoir - en tout cas pouvoir recevoir ?

Les mots - mes mots - me semblent désuets, comme s’ils ne pouvaient exprimer ce que je ressens, difficile exercice que de dire, l’inexprimable à certainement à voir avec le visible, alors je pense à cette phrase que tu as mis en exergue, cette phrase qui parle du silence, tes photos me mettent dans ce silence des mots. Il m’a fallu du temps d’ailleurs pour t’écrire ces mots mais les mots ne sont pas désuets, j’exagère quand j’écris cela.

Il me semblait important de t’écrire que j’aimais ton travail.
Heureuse d’avoir vu une part de celui-ci.

Je t’embrasse.

Isabelle T.

 

 

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